Tour d’horizon des danses traditionnelles centrafricaines
Danseuses et danseurs du ballet national centrafricain (© BBC Afrique) |
Quand la République centrafricaine est mentionnée dans le paysage médiatique, c’est la perspective économico-politique qui est privilégiée, au détriment d’un pan culturel pourtant riche et qui n’a rien à envier aux voisins camerounais et congolais. Il y a la cuisine bien-sûr, mais aussi une grande variétés de musiques et danses traditionnelles, qui accompagnent tout type de célébrations, des évènements diplomatiques aux mariages et fêtes de village.
Une mosaïque de danses traditionnelles
En Centrafrique, chaque danse est associée à une mélodie spécifique, s’accompagnant de divers instruments telles que la harpe, le balafon, et le tam-tam. Il y a presque autant de danses que d’ethnies et pour toutes les citer, il faudrait écrire un roman.
Parmi les noms qui ressortent régulièrement, on retrouve le Gbadouma, dit la danse des guérisseurs, que l’on retrouve notamment chez l’ethnie des Yakoma (mon ethnie 😉). Celle-ci se danse en position fléchie, avec des jeux de pieds et des ondulations cadencées .
On peut également mentionner le Ngarké et le Yangbabolo, danses sautillantes de l’ethnie Banda aux jeux de bras et mouvements de hanches dynamiques. Une autre danse et musique phare de l’ethnie des Banda est l’Ongo Brotto. Cette dernière est pratiquée dans le cadre de rites d’initiation par un sous-groupe de l’ethnie des Banda, les Brotto, qui habitent la ville de Bambari, chef-lieu de la région Ouaka. L’Ongo-Brotto fait référence aux mélodies produites par de longues trompes formées de racine de l’arbre obo et de cornes d’antilope. En soufflant dans celles-ci, (le mot ongo signifie littéralement "souffle" ), les musiciens offrent une myriade de sons lourds et puissants.
Enfin, on ne peut pas présenter la musique et les danses centrafricaines sans mentionner le Monteguene, l’emblème musicale de la Centrafrique. "Le Monteguene est à la Centrafrique ce que la rumba est au Congo" précisait le journal TV5Monde. Issue de la région de la Lobaye, le Monteguene est un style musical mêlant rythmiques des ethnies Pygmées et des sonorités plus modernes produites par la batterie et la guitare électrique. On obtient ainsi une musique et une danse vive, rythmée, polyphonique, à l’image de la scène musicale centrafricaine.
Quelle future pour ces danses ancestrales ?
En raison de manque de subventions et d’une situation économique et politique instable, ce pan de la culture centrafricaine est mis en péril, bien qu’il pourrait être un véritable atout pour le rayonnement du pays. Néanmoins, il y a des signes positifs qui nous font pas tomber dans un pessimisme total.
En effet, les danses traditionnelles parviennent à survivre grâce à des groupes de danse locaux et nationaux tels que le Ballet National Centrafricain. L’Alliance Française de Bangui organisent aussi des évènements mettant à l’honneur cet art ancestral. Des membres de la diaspora centrafricaine se font également ambassadeurs de la culture centrafricaine à l’international. C’est notamment le cas de l’association Passes Trad Danse basée à Toulouse, en France. Bien qu’elle ne semble plus active depuis quelques années, cette association a souhaité partager et promouvoir la culture centrafricaine au travers d’expositions, de représentations et de conférences. Elle a également organisé des stages de danses assurés par le danseur-chorégraphe Brice Poma-Packotto, membre du Ballet national centrafricain et spécialiste des danses traditionnelles telles que le Yangbabolo ou le Ganza, danse initiatique décrite dans le roman Batouala de Réné Maran.
Flyer du stage de danses centrafricaines réalisé à Toulouse en février 2015, et dirigé par le danseur-chorégraphe Brice Poma-Packotto (©Pass Trad Danse) |
Plus récemment, c’est la danseuse-chorégraphe Cassie (@badgyalcassie) qui s’est imposée comme une référence de la danse afro en France et à l’international avec sa formation BeAfrika. Fière de ses racines centrafricaines, Cassie combine dans sa danse les différentes influences des pays de l’Afrique subsaharienne, donnant lieu à des chorégraphies pleine de créativité et d’ondes positives.